"Sounds of Baghdad " est une évocation des nombreux visages de Baghdad, la ville d’origine du compositeur belgo-irakien Qoutayba Neaimi. Baghdad, telle qu'il l'a connue, est une cité pleine de vie et riche d’une culture millénaire. Elle a traversé des années de guerre et de désolation. Cet environnement sonore parcouru par le tumulte des bombes et des sirènes a inévitablement trouvé sa place dans ce portrait musical de Bagdad. Enfin, des moments au caractère onirique et plein d’espérance traversent sa pièce, rendant ainsi hommage à la capacité de résilience de l’humanité, et à l’espoir renouvelé de construire un monde meilleur. Cette évocation de notre capacité de destruction et de résilience nous renvoie directement à une actualité pleine d’incertitudes et de fragilités ainsi que nous le rappelle la guerre en Ukraine, mais aussi à l’espoir de changement porté par la nouvelle génération.
Le Schicksalslied – Chant du Destin – est créé en 1871, après une gestation quelque peu difficile. Brahms avait en effet choisi de mettre en musique un poème en trois strophes de Hölderlin, extrait de la longue œuvre intitulée Hypérion. Dans les deux premières strophes, le poète évoque un monde céleste de paix et d’harmonie où les bienheureux, « exempts de destin », jouissent de la source vive de l’esprit et de l’éternelle clarté – ce sont bien ces « Champs Elysées » que Brahms conçoit et nous donne à entendre dans le premier mouvement. Mais la troisième et dernière strophe chez Hölderlin oppose à cette vision de pure douceur une condition humaine faite d’errance, de souffrance et de doute. Ainsi, dans le deuxième mouvement, rapide et agité, Brahms nous emporte dans un tourbillon aveugle : nous voici ballottés, renvoyés de paroi en falaise, au fil des heures et des années, vers une incertitude sans fond. Pouvait-il terminer sa pièce sur une note aussi désespérée ? Sa correspondance témoigne des affres dans lesquelles le plongeait cette difficulté. N’oublions pas que le Schicksalslied fut mis en chantier en 1868, l’année même de la création du Requiem allemand. De même que, dans ce Requiem atypique, la douce espérance, consolatrice, vainc l’horreur de la mort, de même ici, le tragique du destin humain fait place, dans le dernier mouvement confié aux seuls instruments, à un apaisement lumineux. Brahms y réaffirme sa confiance : « Je dis quelque chose que le poète ne dit pas. »
La création partielle d'Un Requiem Allemand a lieu en 1867, comprenant les trois premiers mouvements. Si les 2 premiers mouvements sont bien reçus, une monumentale gaffe du timbalier dans le 3e mouvement noie le succès prévu sous un déluge de protestations qui l'imputent au compositeur. Malgré ce coup d'essai peu satisfaisant, la première complète de l'oeuvre en 1868 sera chaleureusement reçue.
Dans son choix de textes pour le Requiem allemand, Brahms se montre très désireux d'avoir un propos très large sur la mort, et sur la consolations à apporter aux vivants. D'où un texte plus spirituel que religieux. Le choix du 5e mouvement (composé en dernier), comprenant le verset "Je vous consolerai comme une mère console son enfant" tiré du livre d'Esaïe, fait également office de dédicace de Brahms à sa propre mère, dont la mort inspira son requiem. Brahms au reste, n'avait-il pas déclaré qu'il "supprimerait volontiers du titre le mot "allemand" pour le remplacer simplement par "humain" ?